Xarles Bidegain est né et a grandi rue Vieille-Boucherie, dans un quartier de Bayonne assez peu bascophone. Il n'entendait pas parler basque dans l'appartement où il vivait. "Et dans la rue, avec les autres gosses, on ne parlait que français, exprime-t-il. C'est grâce à un oncle d'Oztibarre et à une tante des Aldudes, que je me suis fait l'oreille."
Curieusement, c'est à Toulouse qu'il s'est alphabétisé en basque. En 1969, année de la création de la première ikastola en Pays basque nord, Xarles Videgain terminait sa licence en Lettres modernes. Il avait notammant comme professeur Jacques Allières, un écrivain, linguiste spécialisé en bascologie, entre autres langues. C'est auprès de lui qu'il a affiné sa connaissance de la langue basque. C'est aussi à cette période, et dans l'univers étudiant qu'il s'est politisé, embrassant les idées de la gauche abertzale. Après avoir enseigné à l'Université de Pau et des pays de l'Adour, il a repris des études en maîtrise d'abord avant de préparer une thèse de doctorat sur "Le vocabulaire de l'élevage en pays d'Oztibarre : contribution aux archives de l'oralité basque". Thèse préparée sous la direction du célèbre universitaire, chercheur en littérature, Jean Haritschelhar. Son enquête lexicale avait été menée auprès de locuteurs de la communauté du pays d'Oztibarre, principalement issus du monde agricole. Elle avait permis de collecter une série de narrations ethnographiques inédites, mettant en lumière une unité géographique historique et culturelle.
Un ethnolinguiste sur les ondes
Héritages de ses nombreuses années de recherches linguistiques, des chroniques menées par le chercheur sont aujourd'hui régulièrement diffusées sur Gure Iratia, une des radios bascophones. Deux fois par mois, il y précise l'origine de certains mots, étimologies illustrées d'anecdotes qui plaisent beaucoup. Il prend en outre chaque semaine la parole dans le quotidien Berria.
Xarles Bidegain est aussi l'auteur de onze ouvrages, dont un Atlas linguistique, résultat de trente années de travail, 4 000 heures d'enregistrement d'entretiens menés dans 145 villages du Pays basque. Ethnolinguiste reconnu, ses recherches ont notamment permis d'identifier trois grands dialectes au sein de la langue basque : le biscayen, le guipuscoan et le basque du nord. Bien que sonnant distinctement, le souletin faisant également partie de cette troisième branche. Porté par une dynamique de collectes et de transmission, cet Euskalzain oso, académicien émérite de la langue basque (depuis 2007), continue à animer des conférences ici et là. La dernière en date à Saint-Jean-de-Luz portait sur des lettres écrites en basque et récemment découvertes dans les archives de l'Amirauté Britannique de Londres.