Culture, Musique
Tony Le Guilly, le breakeur qui relie
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Il parle calmement avec la maturité d'une personne qui n'a rien à vendre, mais qui partage généreusement ses connaissances. Sa démarche constructive correspond à la philosophie hip-hop qui se veut intégrative et à la portée du plus grand nombre.
C'est ainsi qu'il propose des cours ouverts à tous, y compris aux personnes en situation de handicap. Il travaille dans ce cadre avec l’Institut thérapeutique éducatif pédagogique de Bayonne et l'Institut médico-pédagogique Plan Cousut de Biarritz. Adaptabilité est l'un des maîtres mots de cette culture née dans le quartier new-yorkais du Bronx il y a près de cinquante ans. Le breakdance signifie en anglais "casser" et "danser". Casser fait ici référence au rap qui propose des cassures musicales. Philosophiquement, cela correspondait aussi à une volonté de sortir d'un modèle social de plus en plus prégnant - un milieu aux contours définis par la violence et la consommation de diverses drogues. La danse et ses mouvements saccadés permettaient une forme de libération et représentait un fort canalisateur d'énergie. Elle l'est toujours d'ailleurs... "Sur la base de figures existantes et le recours à certaines techniques, chacun peut développer sa créativité, ajoute l'artiste. Rien n'est figé. On le voit d'ailleurs dans les "battles", les concours chorégraphiques. Au Pays Basque sud par exemple, pourtant proche de nous géographiquement, les danseurs bougent différemment."
Une compagnie naissante
Cela fait douze ans que Tony a créé l'association Street Art à Bayonne et parmi les jeunes qui le suivent, plusieurs ont déjà remporté des prix lors de "battles". Avec huit d'entre eux - dont deux sont actuellement en formation pré-professionnalisante, il a fondé une compagnie : la Wazza Panda Family. Une première création a vu le jour en 2019 ; une seconde suivra dès cette année, autour du conte "Pierre et le loup". Grâce à l'argent récolté lors des représentations de la première pièce, l'été dernier notamment, la petite troupe projette un voyage à New York dès le retour à une situation sanitaire favorable. En attendant, la discipline étant issue du street art - l'art de la rue, elle privilégie la pratique en extérieur et autorise les retrouvailles. Ainsi, les breakeurs poursuivent leur entraînement tranquillement et sans relâchement. C'est d'ailleurs la voie suivie par leur professeur depuis deux décennies : il a découvert le break dance à Orthez à l'âge de 16 ans et ce fut une révélation. En cohérence avec ce ressenti, il n'a pas hésité à se déplacer pour se perfectionner et se confronter à d'autres types de danse. Il s'est d'abord formé auprès de la compagnie bordelaise Rêvolution, puis auprès de compagnies contemporaines et classiques, avant de se diriger vers Los Angeles pour y approfondir ses connaissances. Ces diverses expériences ont enrichi son répertoire et lui ouvrent aujourd'hui de nombreuses portes - entre autres celles de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour où il a dansé avec des jeunes pratiquant la danse jazz, mais également auprès de collégiens en âge de la découverte à Hendaye et Cambo-les-Bains, ainsi que de danseurs basques de Saint-Jean-Pied-de-Port avec qui il a mené à bien un projet pluridisciplinaire.