Cinéma
Margaux Lorier, à nouveau primée
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Enfant, elle a grandi à Saint-Esprit et était déjà cinéphile. "Le cinéma d'art et d'essai L'Atalante était situé tout près de la maison ; j'y ai vu énormément de films." Elle comprend en grandissant qu'il pourrait aussi prendre une place prépondérante dans sa vie si elle en faisait son métier. Prudemment, après avoir décroché le Bac option cinéma et audiovisuel au lycée René-Cassin, elle suit néanmoins les conseils de sa mère pour entamer des études littéraires - elle serait professeur de lettres si l'avenir s'annonçait moins pétillant que celui dont elle rêvait. Elle s'arrange tout de même pour garder un lien avec le grand écran en suivant une licence Lettres et cinéma, avant de se spécialiser en master d'études cinématographiques. Elle réussit en même temps le concours de l'Institut National de l'Audiovisuel. À cette période, un stage effectué au sein de la société de production d'Agnès Varda déterminera la suite de son parcours.
"Je serai productrice"
"Quand on parle cinéma, on pense tout de suite au métier d'acteur ou de réalisateur, commente la jeune femme. On ignore souvent celui de producteur, qui est tout aussi passionnant. J'ai découvert ce métier dans la société d'Agnès et c'est celui que j'ai choisi. Il comporte plusieurs aspects. Le premier correspond à celui d'une tête chercheuse qui se donne pour mission de trouver des personnes qui ont des choses à dire. Le second consiste en une direction d'écriture, un soutien apporté à cette personne pour l'écriture de son projet. Mon profil littéraire m'aide énormément dans ce travail, et c'est la phase que je préfère. Le troisième volet comprend la recherche de financeurs, et ce n'est pas le plus facile..."
Coup de foudre professionnel
La rencontre entre Margaux Lorier et Sofia Alaoui, réalisatrice du film primé aux César 2021 Qu'importe si les bêtes meurent diffère un peu de ce schéma. Elles se sont croisées dans les bureaux d'une société de production pour laquelle Margaux travaillait avant de monter sa propre entreprise, et ce fut "un coup de foudre professionnel !" La trentaine toutes les deux, une même énergie créatrice reliée par une forte aspiration féministe... Et un projet de court-métrage porté par Sofia que Margaux a d'emblée eu envie de soutenir. Mélange de genres entre le documentaire - le périple d'un jeune berger marocain empreint de croyances traditionnelles dans les hautes montagnes de L'Atlas et la fiction - l'intervention d'extra-terrestres, le film interroge : que se passerait-il si l'on remettait nos croyances et certitudes en question ? Il se joue des contrastes et s’appuie sur le jeu d’un acteur saisissant, bien qu’amateur. Sorti en 2019, le film avait été primé au festival Sundance 2020 - festival créé par Robert Redford pour promouvoir le cinéma indépendant, et obtenu le César du meilleur court-métrage. "Sofia et moi sommes particulièrement fières d'avoir été nommées par une Académie qui a été révolutionnée l'an dernier suite à l'affaire Polanski, avec la mise en place d'une parité femmes - hommes et l'éviction de personnes à la moralité douteuse lorsque les faits reprochés étaient avérés", exprimait alors la jeune productrice.