Culture, Musique
Marcelino Herradura, chirurgien des instruments
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À travers la vitre de son atelier, le cloître de la cathédrale propage sa douce quiétude. Tandis que la radio diffuse d’apaisantes notes de jazz, Marcelino Herradura, penché sur son établi, soigne les « fractures » des contrebasses, violoncelles, violons et violons alto, tel un « chirurgien des instruments à cordes frottées », comme il se définit. Il est le seul luthier de Bayonne.
L’un des quelque 1 200 que compte encore la France. Né en Espagne, Marcelino a grandi à La Rochelle avant de poser ses valises au Pays basque à 20 ans. "À l’époque, entre deux petits boulots, je cherchais un peu ma voie… Et je jouais de la guitare…"
La base était là ! Par un concours de circonstances, il apprend qu’un luthier d’art vient de s’installer à Bayonne. Et pas n’importe lequel ! Il s’agit de Christian Nogaro, esthète de la contrebasse, futur directeur artistique du festival de jazz de Capbreton - cette figure mondiale du swing est décédée en 2014. Marcelino va trouver en lui le maître de formation rêvé et reprendre son atelier en 1993.
"Un instrument vieux de plusieurs siècles capable de faire de la musique comme au premier jour, c’est quelque chose !"
Au fil des années, à l’Atelier des Remparts, il est rejoint par un archetier, qui s’occupe également des guitares et des basses, et d’un spécialiste des amplis pour guitares électriques. Aujourd’hui, c’est au cœur d’une petite annexe, située rue de Luc, que notre artisan d’art répare, restaure, règle, vend parfois, des instruments fragiles, parfois centenaires, composés d’épicéa, d’ébène et d’érable. « Quand on a devant soi un instrument vieux de plusieurs siècles capable de faire de la musique comme au premier jour, c’est quelque chose! » Marcelino admet un petit faible pour les contrebasses. Il s’est d’ailleurs promis de s’attaquer à la fabrication de cet imposant instrument, qui peut mesurer près de 2 mètres et peser 8 kilos !