Jean Darricarrère, la minutie d'un travail d'horloger © Ville de Bayonne - Anouck Oliviero 

Commerce, Culture

Jean Darricarrère, MOF dans l’art du temps

Le seul horloger de Bayonne, Meilleur Ouvrier de France en 2015, incarne parfaitement le savoir-faire et l’excellence des artisans d’art de notre ville.

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Dans son atelier au milieu de la paisible Plachotte, la radio diffuse une musique apaisante, rythmée par le tic-tac entêtant des horloges et des pendules. Les secondes qui s’égrènent lui paraissent à la fois "anxiogènes et rassurantes".

Loupe posée sur ses lunettes, nez collé sur la montre qu’il répare, Jean Darricarrère fait l’éloge de la patience et de la précision.

"L’envie de refaire fonctionner des objets parfois vieux de plusieurs siècles."

Des qualités génétiques : ses grands-parents maternels étaient… suisses, ses grands-oncles horlogers, ses parents tiennent toujours la bijouterie-horlogerie familiale près de la cathédrale. « J’ai été bercé très tôt dans l’horlogerie et ça m’a plus assez vite », admet-il. À 15 ans, Jean le Bayonnais part étudier dans le Doubs, fief français de l’« art du temps », où il décroche BEP et bac pro en micromécanique. Suivent deux années de formation en Suisse, LE pays de l’horlogerie, dans un atelier de restauration, où il se perfectionne en micromécanique, puis au sein de la prestigieuse manufacture de Blancpain. En 1994, retour à Bayonne pour travailler avec son père Henri, avant l’ouverture de son propre atelier. En 2015, la troisième tentative est la bonne : Jean Darricarrère devient MOF, Meilleur Ouvrier de France, le graal pour tout artisan. Sa montre, entièrement créée pour l’occasion et joliment baptisée « Les heures vagabondes », a conquis le jury. Elle aura nécessité 600 heures de travail ! « La clientèle qui fait appel à moi est animée par l’envie de refaire fonctionner des objets parfois vieux de plusieurs siècles, souligne-t-il. Le patrimoine horloger est conséquent et il m’arrive encore d’être émerveillé par l’esthétique, la qualité d’exécution et les solutions techniques de ces objets. » Celui qui affirme « prendre le temps » de fournir le meilleur travail concède aussi qu’il est parfois son meilleur ennemi. « Je suis souvent en retard, je me fais charrier, mais je fais des efforts et je progresse! »