Claude Iruretagoyena, fondateur de la compagnie Maritzuli, ici au Cloître de la cathédrale de Bayonne lors de l'exposition présentée à l'été 2020 "Costumes et mémoires de fil"
Claude Iruretagoyena, fondateur de la compagnie Maritzuli, ici au Cloître de la cathédrale de Bayonne lors de l'exposition présentée à l'été 2020 "Costumes et mémoires de fil" © Ville de Bayonne - Mathieu Prat 

Culture

Claude Iruretagoyena, danseur et couturier

Claude Iruretagoyena est né face aux Halles de Bayonne en 1960. Dès l'âge de 7 ans, il traverse le pont sur la Nive pour aller danser rue Pannecau, au sein de Batz Alai, l'un des premiers groupes de danse du Pays Basque français. Il y est très vite repéré pour sa mémoire visuelle par Betti Betelu, son premier maître de danse.

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On lui propose alors régulièrement des sorties dans les nombreuses fêtes de village, en Soule, en Labourd, en Basse-Navarre, mais également outre-Bidassoa où les représentations sont multiples.

Deux maîtres : l'un pour la danse, l'autre pour son interprétation

Le jeune Claude a effectivement la précieuse capacité à retranscrire des pas, une chorégraphie, en les ayant vu danser une seule fois… Les mouvements et leur logique s'inscrivent aisément dans sa mémoire. Et ce remarquable don influera durablement sur sa vie d'adulte. Il lui permet d'intégrer progressivement un joli répertoire qu'il commence à enseigner dès l'âge de vingt ans.

En plus de Betti Betelu, j'ai eu un deuxième maître, intellectuel, en la personne de Thierry Truffaut, confie-t-il. Cet ethnologue particulièrement intéressé par le thème des carnavals en Pays Basque m'expliquait le sens des rituels liés à la danse, le sens des personnages, des vêtements qu'ils portaient… Avec Betti Betelu, il m'a emmené partout.

Confiance et reconnaissance envers ces deux aînés animent de longue date le cœur du danseur, qui a ainsi tissé de nombreux liens en Pays Basque.

En quête de sens

Fort de ses relations avec le milieu culturel, Claude Iruretagoyena trouve du sens à la danse.

"Toutes les fêtes comportent une symbolique qui s'appuie le plus souvent sur la peur de la nuit et de la mort, et qui en contre-point recherche la lumière, le soleil et le sentiment d'éternité, poursuit ce passionné. À travers la danse, la musique, le bruit, on recherchait à faire jaillir l'humanité, la vie... On appelait au renouveau.

Ces objectifs transparaissent aussi dans les vêtements, qu'ils soient festifs ou civils : le rouge est symbole de vie, il se voit de loin, les rubans servent à peigner le vent, à l'amadouer en quelque sorte… Les couleurs ont des symboles. Elles peuvent également être révélatrices des croyances d'un groupe, comme ces grandes jupes portées dans la vallée de Roncal et qui servaient, dit-on, à retenir la tête de l'ennemi décapité !

Les vêtements sont aussi plus simplement le reflet d'une personnalité ou de l'humeur du jour. Et la créativité des couturières est à la source de diverses modes.

Couturier, auteur de centaines de costumes

Cette richesse culturelle est un pendant de la danse basque, dont Claude Iruretagoyena et sa compagnie Maritzuli fondée il y a vingt ans, sont des ambassadeurs. Elle a naturellement fait naître chez le danseur l'envie de fabriquer ses costumes et ceux des danseurs de la compagnie… jusqu'à élaborer une collection de plus de 900 pièces !
Il est secondé depuis quelques années par un jeune homme talentueux, Jon Olazcuaga Garibal : danseur, couturier et brodeur, il a notamment œuvré à la mise en place de l'exposition "Costumes et mémoires de fils", présentée au cloître de la cathédrale de Bayonne durant l'été 2020.


"C'est véritablement la première fois que notre collection était aussi bien représentée en Pays Basque nord", conclut Claude Iruretagoyena.