Aristide de Sousa Mendes 

Culture

Aristides de Sousa Mendes : des milliers de visas pour la liberté

En 1940, le consul du Portugal Aristides de Sousa Mendes sauva des milliers de personnes de la déportation. Les faits se sont déroulés à Bayonne et Bordeaux, où le consul et le vice-consul signèrent à tours de bras des visas pour le Portugal.

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En juin 1940,  Aristides de Sousa Mendes et ses collaborateurs délivrent 30 000 visas aux réfugiés qui en font la demande. Bravant le danger encouru par lui, sa femme et ses 14 enfants, le consul écoute la voix de son âme, ce qui lui fera dire à son neveu sur son lit de mort en 1954 et en plein dénuement : "Je n'ai rien à vous laisser sauf mon nom et il est propre." 
Cette action, Aristides de Sousa Mendes la mène en son âme et conscience, et surtout contre la circulaire du 11 novembre 1939 éditée par le dictateur Antonio de Oliveira Salazar qui interdisait aux juifs, aux apatrides et aux opposants politiques d'entrer au Portugal. 

Né en 1885 au Portugal, Aristides de Sousa Mendes est nommé consul général du Portugal à Bordeaux en août 1938 à l'âge de 53 ans. Il assiste donc à la débâcle de 1940, et décide de lutter contre l'holocauste avec les moyens dont il dispose. Cette prise de position entraîne des poursuites lancées à son encontre depuis le Portugal, qui ne l'empêcheront pas de poursuivre son action. Du 20 au 22 juin 1940, il installe une chaise et une table au 8 rue du Pilori où se trouve le bureau du vice-consul ; de là, il tamponne et signe de nombreux passeports. Sur la route d’Hendaye, ignorant la convention d’armistice et les ordres de l’occupant, il continue de délivrer les précieux visas à tous les réfugiés qu’il croise à l’approche de la frontière.

En 9 jours, le résistant Aristides de Sousa Mendes sauve plus de 30 000 personnes de la déportation dont 10 000 de confession juive.

Juste parmi les Nations

Apprenant les faits, le gouvernement Salazar démet immédiatement le consul de ses fonctions. Condamné à une mise à pied d'un an lors d'un procès disciplinaire, il est ensuite mis à la retraite après trente ans de service en tant que diplomate. En 1966, Aristides de Sousa Mendes reçoit à titre posthume le titre de Juste parmi les Nations, délivré par le mémorial israélien de la Shoah à Jérusalem, au nom du peuple juif. Ce n'est qu'en 1986 qu'il est réhabilité par la République portugaise. Et en 2020, Il entre au Panthéon national suite à un vote de l'Assemblée nationale portugaise. Une rue du grand-Bayonne porte également son nom.

Mesurant pleinement l'envergure de l'homme, Simone Veil disait : "Il ne faut pas croire que cela allait de soi : les hauts fonctionnaires ou les diplomates qui ont, un jour ou l’autre, choisi d’aider des juifs, refusant d’être des rouages complices de régimes criminels, sont des exceptions. Aristides de Sousa Mendes figure dans cette poignée de diplomates qui osèrent délivrer des visas à des juifs." (Simone Veil. Préface Des Visas pour la vie, Eric Lebreton)