Réveil en outar pour Abdellah

Du chant, il a le don - sa voix, qui s'avère essentiel. Il en a également la culture : française par sa mère, marocaine par son père, basque par son lieu de vie, anglaise par goût pour une langue qui se chante aux quatre vents.

En outre et depuis ses huit ans, Abdellah suit des cours de solfège et de saxophone au Conservatoire Maurice-Ravel, mais pas de chant, dont il travaille la technique à l'oreille. "Bercé musicalement depuis toujours, j'ai naturellement acquis une aptitude à capter la tonalité d'un morceau, je connais également mes limites vocales, commente Abdellah. C'est une culture chez nous : il n'y a pas de repas de famille sans musique, sans chant. Au bout de dix minutes, nous sortons les instruments !" Son père Mohammed, joueur de oud et membre fondateur du groupe Boujalal, a eu sa part d'influence bien-sûr. Chaque matin, père et fils partagent un rituel bienfaisant, qui permet de démarrer sereinement la journée : "dès que mon père entend la porte de ma chambre s'ouvrir, il commence à jouer du outar en improvisant et moi, je descends les escaliers en dansant... Puis nous nous embrassons en nous tapotant le dos, comme sur des percus. Cela n'a rien de professionnel bien sûr, c'est affectueux !" Une forme d'affection qui, exprimée musicalement, résonne en l'adolescent pour la journée, puis pour les suivantes jusqu'à emplir une vie de bien-être et lui donner une orientation...

Finaliste de The Voice Kids

Porté par ce soutien familial indéfectible, le jeune homme a écouté les conseils de ses proches et en 2019, il s'inscrit aux pré-sélections de The Voice Kids, émission télévisée suivie par des millions de téléspectateurs. "Quand on a une belle voix, remarquée par l'entourage, on entend systématiquement le même refrain : "tu devrais t'inscrire à "The Voice". Abdellah relève le défi, passe les différents caps éliminatoires, pour arriver deuxième en finale. Joli parcours pour un chanteur sans véritable formation technique, ni coachs vocaux, comme c'est le cas de nombreux autres candidats.
Depuis lors, la pandémie de coronavirus sévit, mettant à mal de nombreux projets artistiques. "Entre octobre 2020, date de la finale, et l'été 2021, il ne s'est pas passé grand chose, poursuit Abdellah. Puis le 18 août, j'ai eu l'immense joie de chanter aux Arènes de Bayonne. C'était à la fois symbolique et émouvant, j'ai éprouvé de la reconnaissance pour le public." Le jeune chanteur a déjà ses fidèles, à commencer par les Bayonnais qui le connaissent et le suivent. Il n'en garde pas moins la tête sur les épaules. Tout en espèrant faire son chemin dans le monde de la musique, il continue de se former dans d'autres domaines. Élève de terminale au lycée René-Cassin, il a choisi musique bien entendu et anglais comme spécialités pour le Bac, mais également droit et musique - à nouveau, en options. Avec comme objectif d'intégrer La Sorbonne à la rentrée 2022 : en jeune homme déjà mature, Abdellah sait qu'il est toujours préférable d'avoir plusieurs cordes à son arc.

*Outar : instrument à cordes oriental, ressemblant à une guitare