Quelques centimètres d'eau stagnante suffisent au moustique qui y dépose ses larves © Rémy Rivière 

Propreté, Santé

Moustique tigre : mieux le connaître pour l’éradiquer

Avec l’arrivée de l’automne, les moustiques prolifèrent et sont plus agressifs. Au service Hygiène et sécurité de la Ville, Éric organise la réplique en tentant transmettre des gestes simples à la portée de tout le monde.

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« À votre avis, comment reconnaît-on un moustique tigre? » questionne Éric. La réponse est prudente. La jeune femme ne sait plus trop, mais elle a bien envie de mettre aèdes et anophèles dans le même sac et de s’en débarrasser. C’était d’ailleurs le sens de sa demande au service Hygiène et sécurité de la Ville de Bayonne, que représente Éric. Locataire d’un petit pavillon et d’un jardin sur les hauteurs de Bayonne, elle vit recluse dans son salon avec son compagnon et leurs trois enfants. A bout de solutions, elle a donc sollicité les services de la Ville, entre deux nuées. Le problème semble d’autant plus complexe que la fin de l’été marque un regain d’activité des moustiques de tout genre, avant la diapause, c’est-à-dire l’arrêt du développement de l’insecte pour l’hiver.

Une préférence pour le milieu urbain

Une rapide inspection des alentours et des mollets permet d’établir la présence de deux sortes de moustiques : ce bon vieux Culex, dont le sifflement caractéristique se rappelle à notre bon souvenir la nuit et le tigre, cette espèce venue d’Asie en costume rayé noir et blanc, petit, silencieux, agressif et potentiellement capable de transmettre des maladies tropicales. Surtout, le moustique tigre préfère le jour, les villes et les lieux ombragés, comme nous.

La bonne nouvelle, c’est que ce piètre aviateur disparaît à la première brise et ne parcourt jamais plus de 150 mètres de son lieu d’éclosion. Il n’y a plus qu’à chercher le nid. Éric est sur la piste et commence par le jardin. Pour la petite piscine, qui est filtrée, il n’y a pas de soucis. En revanche, les pots de fleurs vides, les coupelles de pots, les jouets en plastique des enfants qui prennent la pluie, la terrasse en bois où l’eau stagne en dessous, le toit terrasse dont les évacuations d’eau sont peut-être bouchées par la végétation, le regard qui retient l’eau d’une pluie à l’autre… tout cela offre de merveilleuses opportunités pour cette espèce invasive, qui s'épanouit en milieu urbain. Il y a bien le bois, à l’orée du jardin, qui constitue un lieu de refuge aux insectes mais aussi de ponte si des déchets s’y accumulent. Le moindre sac plastique peut retenir l’eau plusieurs jours dans ses plis, ce qui est largement suffisant pour permettre l'éclosion de dizaines de larves. Les jardins alentours présentent à première vue les mêmes caractéristiques. Le bilan est sans appel : nous sommes dans un élevage de moustiques tigres.

Éviter l'eau stagnante

Éric prendra contact avec la copropriété pour faire nettoyer les écoulements d’eau du toit terrasse. Il poursuit son inspection sur le parking et scrute les évacuations d’eau de pluie, cherchant là encore une solution pour éviter l’eau stagnante. De leur côté, les locataires feront la chasse aux mauvaises habitudes, bannissant de leur jardin tout ce qui est susceptible de retenir l’eau de pluie, en faisant suivre la consigne aux voisins. Dans cette bataille, il est nécessaire d’agir collectivement et la solution doit en bonne partie à une succession de bons réflexes.

Au même moment, de l’autre côté de Bayonne, André entame un porte-à-porte dans son quartier résidentiel dans le même but. Il fait partie de la quarantaine d’ambassadeurs du moustique tigre que la Ville de Bayonne a formée dans l’idée de diffuser les bonnes pratiques. Dans son entourage, tout le monde semble au fait de cette guerre mais la mobilisation se fait dans le désordre. Pourquoi ne pas remplir les coupelles des pots de fleur avec du sable ? Ou installer une moustiquaire au-dessus d’un regard ? La femelle pond jusqu’à 150 œufs tous les 12 jours, non pas dans l’eau mais sur une surface solide qui peut être immergée. Ici un pot, là une aspérité dans l’allée, un récupérateur d’eau de pluie que l’on croyait étanche mais qui pullule de larves, un seau à l’endroit et tous ces petits rien qui suffisent à faire beaucoup d’éclosions… Le remède ne répond qu’à une bonne connaissance de l’ennemi. C’est par ces petits gestes que se peaufine une grande riposte.