"L'amateur d'art viendra, explique le jeune homme. Il viendra voir les collections exceptionnelles. En revanche, pour attirer celui qui n'a pas le musée dans son radar, un travail spécifique est à prévoir." Ce travail, Barthélémy Etchegoyen l'a imaginé, méthodiquement peaufiné. Il consiste à créer l'émotion. Ce sera la première étape. Comment ? "En créant un choc spectaculaire, répond-il. Ceci dès l'entrée du musée, où l'on sera venu se reposer dans le patio, prendre un verre avec des amis ou croquer une salade à la cafétaria..."
Le visiteur lambda sera alors happé par une œuvre fabuleuse : le visage tourmenté d'"Une femme désespérée", réalisée en 1638 par Jusepe de Ribera, le portrait grandeur nature de "La comtesse Cahen d'Anvers" magnifiée par Léon Bonnat en 1891 et présentée dans ses plus beaux atours ou bien encore "Le Job", du même auteur. Ce public non averti rentrera ainsi au musée non par intérêt intellectuel mais par plaisir, attiré par les lieux, un espace de bien-être et de convivialité à découvrir en centre-ville, puis émanté par l'esthétique d'un premier grand tableau.
La stratégie se poursuit. La médiation fera durer le plaisir. Pour les enfants, des cartels reprendront en dessin les points d'intérêt des principales œuvres, les séniors agrémentront leur visite d'un audio-guide (un support très apprécié de cette tranche d'âge), tandis que des parcours au de durée variable seront proposés, avec une cohérence pour chacun : visite d'une demi-heure, une heure ou une heure trente...
"Cette école du regard interviendra donc dans un second temps, après l'approche émotionnnelle et affective, poursuit l'historien de l'art." De manière indolore, une mutation s'opérera ainsi dans l'esprit du visiteur, qui sera sans nul doute, par ce biais détourné, amené à revenir...
Plus d'infos > Le musée aura son parvis
