Daniel Rodriguez, directeur de La Locomotive, association permettant la gestion de la Rockschool pour le volet enseignement et du Magnéto pour la diffusion des groupes de musique amplifiée © Ville de Bayonne - Théo Cheval 

Musique

Un parcours sans fausse note

À 23 ans, fan de musique amplifiée, Daniel Rodriguez eut l'idée de construire son emploi selon un modèle d'économie sociale.

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"Ce fut une découverte : à 23 ans et dans les années qui ont suivi, j'ai réalisé qu'il était possible de construire son propre poste, explique Daniel Rodriguez. Et comme la musique, c'est toute ma vie, j'aspirais à vivre dans ce milieu."
Tout a commencé en juillet 2001 avec l'organisation d'un concert au profit de l'Unicef des Landes, en partenariat avec le CAEM sud et de Gojira qui jouait en tête d'affiche et m'accompagnait dans cette aventure. Le groupe était déjà connu à l'époque et le concert a remporté un vif succès : 700 entrées, un bénéfice de 27 000 francs, entièrement reversé à l'association humanitaire. Organisateur bénévole, Daniel a été repéré à ce moment-là comme un jeune homme à la personnalité enjouée, dévouée et dynamique. Le directeur du Foyer des jeunes travailleurs de Tarnos, Laurent Rebière, l’a mis en relation avec le Comité de Bassin d’Emploi du Seignanx afin de bénéficier d'un "emploi jeune" dans le cadre d’un dispositif d’accompagnement qui permettait aux jeunes de créer leurs propres activités d’intérêt générale et d’utilité sociale. Avant cela, il gagnait sa vie en travaillant quelques heures par semaine comme animateur dans un Centre de loisirs. Après ce concert et la signature de ce nouveau contrat, Daniel a pu bénéficier d’un SMIC, rien d'époustouflant mais c'était un début.

Gros défi, belle réussite

"Assurer la direction artistique du festival Les Océaniques a compté parmi les expériences significatives de cette époque, poursuit Daniel. En relevant défi après défi, mes compétences ont été reconnues dans le milieu culturel local, et comme il n'y avait pas de salle de concert à Bayonne, l'association La locomotive s'est associée à d'autres partenaires - La Souche Rock, Le Microscope et L'oreille attentive, pour travailler à l'élaboration d'un projet de création d’un Pôle de Musiques Actuelles à Bayonne. En 2005, j'ai pris la direction de La Locomotive. Puis, en 2013, nous avons signé une convention de mise à disposition d'une ancienne casemate avec la Ville de Bayonne." Cette salle, Le Magnéto, bénéficie aujourd'hui de travaux de mise en conformité : niché au cœur des remparts de Mousserolles, elle verra sa jauge passée de 190 à 235 places à sa réouverture. La diffusion de groupes émergents est ici renforcée par un dispositif d'accompagnement à la création, ainsi que par un volet éducatif : au sein de la Rockschool, 250 élèves se retrouvent régulièrement pour travailler leur instrument, jouer en groupe, faire des essais de composition, d'improvisation... Des efforts couronnés de réussites.

Un certain état d'esprit

Vingt ans d'expérience professionnelle commencent à forger un caractère, une façon d'être et d'envisager la vie. Une philosophie même. Celle de Daniel tient en quelques mots. À la question "Quelles étaient vos aspirations d'origine ?", il répond "Je voulais être heureux". Ce large idéal a su laisser entrer les opportunités. Heureux de son sort, le directeur de La Locomotive laisse paraître une personnalité à la fois active et sereine ; ancrée dans le présent, tournée vers l'avenir. Sans s'accrocher aux acquis, il se dit prêt à prendre un nouveau tournant si l'occasion se présentait.
"Ma mère, qui était psychothérapeute, m'a influencé en ce sens, précise-t-il." Deux amis y ont également contribué : Mario et Jo Duplantier. Fondateurs du groupe Gojira, les musiciens lui ont un jour fait comprendre qu'il ne servait à rien de s'inquiéter. "Lors du concert au profit de l'Unicef en 2001, le son s'est brusquement arrêté après leur premier morceau. Cela a duré plusieurs minutes, je commençais à vraiment paniquer. Le public sifflait, nous reprochant un arrêt brusque du son... Pendant ce temps, Jo et Mario restaient tranquilles. Me sentant tourmenté, ils m'ont rassuré, absolument convaincus que nos soucis allaient s'arranger. Et c'est effectivement ce qui s'est passé ! Cette expérience m'a marqué."
Ainsi, à chaque difficulté, Daniel réagit avec la même attitude confiante, absolument certain que les événements finiront par s'accorder.