Peinture

Gérard Fromanger

Le trouble, c'est le pinceau qui court sur la toile, l'autre peau du monde.

Publié le

Grande figure française de l’art contestataire des années 1970, maître de la couleur et de la figuration narrative, le peintre Gérard Fromanger est décédé le 18 juin 2021 laissant derrière lui un parcours artistique international remarquable. Son œuvre figurative décline depuis la fin des années soixante une narration artistique, culturelle et sociale, qui s’exprime autant dans son amitié avec le poète Jacques Prévert que dans son film-tract avec le cinéaste Jean-Luc Godard ou dans les échanges sur son œuvre avec ses amis philosophes Gilles Deleuze, Michel Foucauld et Félix Guattari.

Gérard Fromanger accède à une grande  notoriété dans les années 1970.  Après une rapide étape en noir et blanc, il investit tout le spectre de la couleur qui deviendra sa raison d’être peintre, avec toutes les conséquences -notamment politiques- qui en découlent : il traverse Mai 68 en artiste engagé, puisant dans son langage coloré une force pour peindre l’énergie du monde en action.

Sa figuration narrative est principalement axée autour du passant, du piéton, du promeneur capté dans les rues des métropoles. Le spectacle de la grande ville, comédie humaine contemporaine, prend dans ses yeux de peintre toutes les couleurs de la vie. Si, entre les années 1958 et 1965, Gérard Fromanger n’a pas participé au Pop Art londonien et new-yorkais, l’histoire des courants artistiques ne peut que le situer dans ce mouvement international qui marqua une rupture dans le monde de l’art et de la pensée.

C'est avec une énergie de jeune homme que l'artiste porta son projet d'exposition au DIDAM en 2017, aux côtés de son amie de longue date la peintre Jeannette Leroy, elle-même disparue il y a tout juste un an. Cette confrontation unique fut avant tout un échange de langages créatifs décalés qui s’interrogent et se répondent et dans lequel s’affirmait une amitié profonde.
De ce beau moment partagé avec le public bayonnais, on se souvient encore de la rencontre entre Gérard Fromanger et les élèves de l’Ecole d’Art auxquels celui-ci conseilla, en une injonction vitale, de se donner corps et âmes à leur art, de la même façon qu’il fonda sa vie entière sur la peinture.