Cécile Alchuteguy au trinquet Saint-André © Mathieu Prat 

Sport

De la main nue au jeu de paume

Née Ibarrola à Bayonne, Cécile Alchuteguy a grandi à Bassussary, face à l'ancien fronton et à côté du trinquet Dufourg. Comment s'étonner alors de l'attrait de cette femme, dès son plus jeune âge, pour les jeux de balles ?

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Elle a commencé à jouer à la main nue avec son frère Beñat, pour le soutenir dans ses entraînements. À 49 ans, elle est aujourd'hui classée deuxième féminine française de Jeu de paume.

Petite, pour éviter qu'elle ne se blesse, sa mère lui achète une raquette en bois, puis l'inscrit au club de tennis de l'Aviron bayonnais. Très vite, elle est repérée et prise en charge par André Ducassou , entraînée pour aller de tournois en tournois. Elle remporte à plusieurs reprises le championnat de la ligue Pays basque, Béarn, Landes. En tant que junior, elle participe même à quatre éditions de Roland-Garros, toujours en tant que licenciée de l'Aviron Bayonnais. Éudiante à Bordeaux puis Paris, elle trouve sa voie professionnelle dans le milieu de la banque et et de la finance, délaissant un peu les cours de tennis. En 2013, directrice de banque à Hasparren, elle rencontre une restauratrice qui va raviver sa passion pour les terrains de jeux. Un espace du restaurant où elle déjeune pour affaires est en effet consacré au jeu de paume. Elle s'y intéresse, interroge la propriétaire des lieux, passionnée d'histoire. Devant son engouement, la restauratrice lui propose de venir jouer au trinquet Balaki, à Itxassou, le dimanche suivant en compagnie d'anglais de passage. "À 38 ans, je me trouvais un peu "âgée" pour découvrir un nouveau sport, mais devant son insistance, je me suis laissée convaincre, confie-t-elle."

Les rencontres s'enchaînent

Elle rencontre alors Simon, l'anglais qui le premier l'accompagne sur le carreau, l'équivalent de la cancha dans un trinquet. Au Pays basque, il n'y a en effet aucun court dédié au jeu de paume, mais des trinquets qui se transforment le temps d'une partie, au moyen d'un filet tenu par des crochets. Cécile y retrouve d'emblée le plaisir de jouer, "une sensation très forte". Simon l'invite à jouer à Londres. Elle l'apprendra plus tard, il est le président du Queen's Club. Elle y rencontre également Alex de la LRTA  qui l’invite six mois plus tard à participer à un tournoi, dont elle sort finaliste, "grâce à un système d’handicap qui m'a fortement m’avantagée", explique-t-elle. En 2015, elle participe à ses premiers championnats du monde féminin en Angleterre, et décide en 2016 de créer un club, l'Euskal Real tennis.  En 2017, Cécile, qui a installé son entreprise au Petit-Bayonne, s’entraine au trinquet Saint-André, ancien court historique de jeu de paume. Le club rejoint Bayonne fin 2023 et se nomme désormais Jeu de Paume Bayonne Pays Basque ERT. "Je ressens une véritable légitimité à jouer à Bayonne, où je suis née, où une partie de ma famille est née, confie-t-elle. J’adore également jouer dans les autres anciens courts de Jeu de paume comme Urrugne, Bidarrai, terre natale de mon père et Labastide- Clairence."

Le club compte pour le moment une dizaine de licenciés locaux, ainsi que des membres non résidants. "Il est compliqué de trouver  des  terrains dédiés pour adapter le filet, ainsi que des créneaux disponibles dans les trinquets, poursuit-elle. Au Pays basque, le roi des sports est la pelote. D’ailleurs, certaines jeunes joueuses et joueurs de pelote s’amuseraient bien et feraient de magnifiques paumistes. Ils ont la connaissance des murs, un avantage non négligeable pour appréhender les sorties de balles." Le club les attend pour faire renaitre au Pays basque le jeu de paume et ses champions. "Seul on va vite, ensemble on va plus loin !", conclue la joueuse et dirigeante, en citant un de leitmotivs préférés.