Culture
Coralie Labourdette, modèle de résistante
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Une partie de son histoire a été dévoilée par les Bask'Elles, groupe Droits des Femmes de l'association Les Bascos, pour les besoins d'une exposition sur les femmes remarquables du Pays Basque actuellement visible à la Médiathèque de Bayonne. C'est en faisant des recherches sur quelques figures locales de la Résistance que Michaella Clapisson découvre une lettre écrite par Franck Moreau, président du Comité Local de Libération de Bayonne, à Honoré Baradat, chef départemental du Noyautage des Administrations Publiques et président de la Commission de Réorganisation Politique au sein du Conseil départemental de Libération. Daté du 20 décembre 1944, ce courrier montre comment un groupe de femmes militantes agissait avec courage en prenant des risques importants dans l'organisation des réseaux de la Résistance.
À son domicile, "il y a eu durant des mois une boîte aux lettres qui permettait les communications entre Urrugne, Paris et la BBC. Durant les années 1943 et 1944, c’est encore l’appartement de Mademoiselle Labourdette, au 19 rue d’Espagne, qui a été le point de rassemblement de la Résistance à Bayonne. C’est là qu’étaient collectés les vêtements, les produits pharmaceutiques, les objets de pansements, les divers instruments médicaux et l’argent destiné au maquis." Ces propos s'inscrivaient dans le cadre de la réorganisation politique du département d'après-guerre. Franck Moreau était chargé auprès d'Honoré Baradat d'établir une liste de personnes "sûres" en prévision des élections municipales d'avril 1945. Les personnes ayant eu une action avérée au sein de la Résistance en faisaient naturellement partie. C'est ainsi que Coralie Labourdette rejoindra l'équipe municipale de Jean-Pierre Brana, premier maire de Bayonne après la Libération en mai 1945. Elle est l'une des premières élues de l'histoire de la ville.
Une femme de caractère
Née le 27 juin 1890 à Bayonne, où elle grandit, Coralie Labourdette est modiste et chapelière, installée rue d'Espagne, comme l'était sa mère. Elle se distingue par une personnalité affirmée, généreuse et entière. Aînée d'une famille de quatre enfants, c'est chez elle que se tenaient les réunions de famille. "Elle avait le sens de l'organisation, se souvient son petit-neveu, Pierre Duvallet. Elle avait également le cœur sur la main. Jusqu'à sa mort, survenue en 1957, elle s'occupait activement d'une association de soutien aux déportés et orphelins de déportés. Je me souviens de jours de Noël qu'elle organisait chaque année dans la villa d'un donateur à Chiberta." Une femme libre, engagée, sans crainte du "qu'en-dira-t-on?", qui assumait ses élans et convictions. Elle vivait avec une femme, Jane Pelot, elle aussi membre de l'Union féminine de Bayonne, démarche audacieuse pour l'époque.
Dans ses mémoires*, l'ancien déporté d'origine turque David Bally parle d'elle comme d'une femme admirable. Avec l'aide d'une assistante sociale, Mademoiselle Recard, elles "s’étaient occupées des démarches à accomplir pour l’obtention des cartes de ravitaillement et des suppléments qui nous étaient accordés par la municipalité de Bayonne. [...] C’est sur l’initiative de Mesdemoiselles Labourdette et Recard qui, à l’époque, faisaient partie de l’Union des Femmes Françaises qu’avait été organisé [...] un projet pour secourir et protéger tous les petits orphelins des déportés."
*Mémoire de David Bally « Matricule 172625 -Ceci est mon histoire »
L'exposition "Femmes de l'ombre à la lumière" est visible à la Madiathèque de Bayonne jusqu'au 8 mars. Plus d'infos > mediatheque.bayonne.fr. Les Bask'Elles proposent par ailleurs à celles et ceux qui le souhaitent d'enrichir la liste des femmes remarquables au Pays Basque en remplissant un formulaire en ligne sur leur site lesbaskelles.org.