L'équipe de l'Unité de victimologie du Centre hospitalier de la côte basque © Uvie 

Santé, Solidarité

Violences conjugales : une lutte en réseau

"La fatalité ne triomphe que si l'on y croit", écrivait Simone de Beauvoir, et "nous n'y croyons pas" répondent en chœur les professionnels de l'Unité de victimologie du Centre hospitalier de la Côte basque qui organisent des formations sur la question des violences conjugales.

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Autour de la Journée internationale de lutte contre les violences conjugales fixée au 25 novembre, la Ville de Bayonne s'associe à l'organisation de divers événements - projection du film "Jusqu'à la garde", colloque sur la question Violences et handicap, pièce de théâtre en basque et proposition faite aux agents municipaux, dont des policiers, de participer à la prochaine session de formation organisée par l'Unité de victimologie.

Rencontre avec Sabine Borel, animatrice de la formation

À partir de quel moment les luttes contre les violences conjugales ont-elles été à ce point relayées par les pouvoirs publics ?

Sabine Borel : les associations de notre territoire sont engagées sur la thématique depuis longtemps. Lors du Grenelle contre les violences conjugales en 2019, des  axes prioritaires et des actions ont été mises en place dans le but d'informer et former les professionnels de tous horizons en contact avec des victimes de violences. La lutte contre les violences faites aux femmes fait l’objet d’une politique publique à part entière depuis plus de 10 ans : 5 plans interministériels de lutte et de mobilisation contre les VFF ont été rédigés. Ils ont permis des progrès importants : mise en place du numéro gratuit 39 19 (violences femmes info) ; 327 lieux d’écoute de proximité recensés ; 1 550 places d’hébergement dédiées aux femmes victimes ; 530 téléphones grave danger déployés ; plus de 300 000 professionnels formés…. Ces données ont conduit le président de la République, Emmanuel Macron, à proclamer l’égalité femmes-hommes grande cause nationale du quinquennat. Cela s’est traduit notamment par la loi du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, ainsi que l’organisation du Grenelle des violences conjugales 2019. Ces évènements ont permis de préciser des axes prioritaires, dont  la formation des professionnels.

Par quel biais vous êtes-vous emparées de cette thématique ?

S. Borel : en 2017, les professionnels de santé ont fait émerger cette problématique au sein du Contrat Local de Santé (CLS). La pluridisciplinarité des nombreux professionnels engagés dans ce contrat - associations, établissements de santé, force de l'ordre, avocats, collectivités - a permis de tisser du lien entre partenaires et proposer ainsi des actions de prévention dirigées vers le public, ainsi que des formations à développer sur notre territoire, soutenues par l'agence régionale de santé. Nous organisons avec les différents partenaires et associations locales, une semaine dédiée au sujet des violences conjugales - la semaine 47, pour communiquer auprès des publics de tout âge, à travers des stands d'animation, des interventions en milieu scolaire, des ciné-débats....

Vous organisez des demi-journées de formation et des formations plus approfondies sur le territoire. Quels en sont les axes ?

S. Borel : régulièrement, pour répondre aux besoins des professionnels, l'Unité de victimologie et ses partenaires proposent des modules de sensibilisation d'une durée de trois heures, dont les axes sont : le repérage, l'accueil et l'orientation des victimes de violences vers des structures spécifiques et adaptées. L'approche proposée est à la fois psychologique, médical, juridique et sociale en terme d'accompagnement. Pour compléter cette sensibilisation, une formation de 4 jours avec des intervenants du territoire construite en partenariat lors du CLS est proposée depuis 2019 au Centre de formation des professionnel de santé du Centre hospitalier de la côte basque. Ces sessions ouvertes à tous les professionnels nous permettent de développer les approches du module ainsi que les conséquences des violences conjugales sur les enfants ; les auteurs et leurs prises en charge.

Sentez-vous un intérêt croissant des professionnels pour ce type de formation ?

S. Borel : les professionnels de santé restent le premier recours pour les femmes victimes. Dans ses recommandations de bonnes pratiques de décembre 2020, la Haute Autorité de Santé les considère comme en première ligne pour repérer les femmes victimes. Elle recommande d’aborder systématiquement la question des violences avec chacune des patientes. Ainsi, les professionnels de santé, dont le cursus initial n'aborde pas ces questions, sont une des priorités de nos interventions de sensibilisation.
Depuis 2017,  plus de 1 100 personnes ont été sensibilisées par nos interventions ; des professionnels de tous les champs : santé, d'écoles d'infirmière, aides soignantes, avocats, forces de l'ordre, des élus et agents municipaux, bénévoles, associations, éducateurs, institutions... Durant la pandémie, nous avons proposé des visio-conférences pour ne pas rompre la dynamique de formation. Les professionnels ont répondu présent et la demande est constante. Les formations organisées au Centre de formation du Centre hospitalier de la côte basque accueillent vingt personnes par session. Elles sont chaque fois complètes.

Sur quels outils vous appuyez-vous lors de ces formations ?

S. Borel : elles consistent en une partie théorique suivie d'une journée de pratique, lors de laquelle nous nous appuyons sur des cas cliniques de mise en situation. Nous distribuons un livret professionnel, réalisé lors du CLS, et constitué de vingt fiches réflexes qui peuvent guider le professionnel dans ses démarches de repérage, d'accueil et d'orientation des victimes sur notre territoire. Il peut être utilisé auprès des victimes pour leur expliquer l'emprise et le cycle des violences.

> 39 19 (numéro de téléphone Violences femmes info)
> télécharger l'application gratuite App'Elles mise en place par le gouvernment : elle envoie automatiquement des alertes par notification à vos contacts de confiance, en leur partageant la position GPS de votre appareil et l’accès à l’écoute de son micro en temps réel ; elle simplifie l’accès vers les numéros d’appel des services d’urgences
Programme de la semaine dédiée à la promotion de la lutte contre les violences conjugales