La charpente du gymnase du lycée René-Cassin date de 1825 ; elle est construite sur le modèle dit "en carène de bateau", sans doute inspiré de l'architecte de la renaissance Philibert de L'Orme © Mathieu Prat 

Patrimoine

Un étonnant gymnase à la charpente en forme de coque de navire inversée

Le gymnase du lycée René-Cassin ouvrira ses portes au public le 16 septembre, premier jour des Journées européennes du patrimoine. Transformé en gymnase à l'ouverture du lycée en 1965, il fut d'abord un entrepôt de l'armée et a servi de manège à chevaux dont la magnifique charpente a traversé les siècles.

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La construction de la charpente, sans doute reprise de l'idée d'un architecte du XVIe siècle, Philibert de L'Orme, prend la forme d'une carène de navire inversée. Sa structure voûtée permet de supporter une charge importante de toiture puisqu'elle protège un espace couvert de 57 mètres de long par 20 mètres de large et mesure 13 mètres de haut au faîtage. Elle a été réalisée par le colonel Emy, alors en garnison à Bayonne, qui mit ses compétences d'officier du Génie au service de cette création, tout en cherchant à répondre aux besoins de l'armée : mettre à couvert son parc et abriter du fourrage pour ses chevaux en temps de guerre. Il poussa un peu plus loin les astuces de son prédécesseur architecte de la Renaissance pour concevoir une structure composée de 18 fermes en arc espacées de 3 mètres chacune, servant à soutenir l'ensemble des éléments. Chaque voûte est fabriquée en lamellé collé de sapin, tandis que les pièces intermédiaires sont constituées de chêne et de sapin. Pour cette réalisation, il s'appuie sur ses précédentes expériences : des charpentes similaires aménagées pour les manèges de l'armée à Libourne et à Metz.

Un manège à chevaux

Entre 1850 et 1871, le bâtiment est utilisé comme manège à chevaux au bénéfice de l'armée de Louis-Napoléon Bonaparte. Il est alors entouré de champs et des ruines du Château de Marracq, qui avait été détruit par un incendie en juin 1825. La charpente a été classée à l'Inventaire des Monuments historiques en 1943. "Inscrit sous le régime de Vichy, le document officiel présente la particularité d'avoir été édité sur une feuille où la devise "Liberté, Égalité, Fraternité" a été rayée pour faire place à "Travail, Famille, Patrie" !, souligne ironiquement Gérard Pedemay, ancien professeur d'histoire au lycée René-Cassin. "Nous ignorons ce qu'il est advenu de cet espace durant les décennies suivantes jusque dans les années 60 où il a été réutilisé comme gymnase", poursuit-il.

Ce gymnase a ensuite bénéficié de divers travaux de restauration dont une reprise des sols et la pose d'une armature métallique sur la charpente historique, en 2008.
"Auparavant les élèves évoluaient sur un plancher d'époque, en bois, troué par endroit, et le toit prenait l'eau", poursuit une professeure de sport. Cette année-là, des vestiaires et une salle de danse de 120 m² environ sont ajoutés au gymnase. Les anciennes portes en bois par lesquelles entraient les chevaux de part et d'autre du manège sont obstruées pour l'une et ouverte sur la salle de danse pour l'autre, mais toujours visibles.
La charpente en bois de près de deux siècles, elle, n'a pas bougé.

Des visites commentées du gymnase du lycée René-Cassin auront lieu samedi 16 septembre de 14h à 17h. Elle seront commentées par Gérard Pedemay, ancien professeur d'histoire du lycée, ayant fait des recherches sur le bâtiment

Programme des Journées européennes du patrimoine

Le concert de l'Ensemble 0 qui était prévu samedi 16 septembre à 17h pour les Journées européennes du patrimoine est annulé