Une des résistantes bayonnaises : Amélina-Ermeline Devant-Legall, boulangère à Saint-Esprit (photo prise vers 1948) © DR 

Culture

Faire une place aux femmes remarquables

Du 1er février au 8 mars, l'exposition "Femmes, de l'ombre à la lumière" sera présentée à la Médiathèque par l'association Les Bask'Elles. Elle est le point de départ d'une démarche participative visant à recenser des personnalités féminines d'exception.

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En onze panneaux, cette exposition retrace le parcours de femmes remarquables qui feront ensuite l'objet d'un recueil, base de données que la population est invitée à compléter. Par ce biais, les Bask'Elles entendent rendre hommage à des représentantes du sexe féminin souvent restées dans l'ombre, mais également influer sur l'attribution de noms par les commissions de toponymie. En effet, à l'heure actuelle, 5 % seulement des noms de places ou de rues portent des noms de femmes.

Parmi les femmes récemment sorties de l'ombre figurent treize résistantes bayonnaises. En faisant des recherches aux Archives départementales, Michaëlla Clapisson, membre des Bask'Elles, a découvert la lettre de Franck Moreau, bâtonnier de l'Ordre des avocats et président du Comité local de Libération de Bayonne, adressée en décembre 1944 au président de la Réorganisation politique en faveur de la reconnaissance des actions clandestines de ces femmes. Ce courrier décrit le rôle de chacune d'entre elles. Ainsi, le domicile de Coralie Labourdette, modiste installée au 19 rue d'Espagne, a par exemple servi de boîte aux lettres qui permettait les communications entre Urrugne, Paris et la BBC. "Durant les années 1943 et 1944, son appartement était le point de rassemblement de la Résistance à Bayonne. C’est là qu’étaient collectés les vêtements, les produits pharmaceutiques, les objets de pansements, les divers instruments médicaux et l’argent destinés au maquis", détaille Franck Moreau. Amélina-Ermeline Devant-Legall, boulangère installée place de la République, cachait des prisonniers évadés et des membres de l’Intelligence Service derrière des sacs de farine, alors que sous l'occupation sa maison avait été réquisitionnée par les Allemands.

Actions de résistance

Les actions clandestines d'autres résistantes sont décrites dans ce courrier, et pour affiner ses recherches, le groupe des Bask'Elles cherche à contacter les familles. Le nom de Madame Piazza, "dont le restaurant fut un véritable refuge de Français traqués où de passage pour gagner l’Espagne", celui de Madame Barros, de mademoiselle Dédéréde "qui, travaillant au ravitaillement ont confectionné, pour la Résistance, des centaines de fausses cartes d’alimentation" sont notamment cités. On trouve aussi ceux de Madame Barague "qui cacha chez elle des Hollandais, déserteurs de l’armée allemande", de Mademoiselle Gabrielle Lestournel, bibliothécaire de la gare connue de tous les cheminots pour l’action qu’elle ne cessa de mener dans la clandestinité et de Mademoiselle Romatet "qui signala notamment au maquis de précieux dépôts alimentaires"...

Pour compléter leur recueil, les Bask'Elles invitent les personnes intéressées à proposer d'autres noms de femmes remarquables. Et Michaëlla Clapisson d'ajouter : "ce mouvement de participation citoyenne que nous initions pose aussi la question de savoir ce que signifie "être une femme remarquable aujourd'hui?""

Plus d'infos > lesbaskelles.org

Exposition "Femmes, de l'ombre à la lumière", Médiathèque, 10 rue des Gouverneurs. Plus d'infos > mediatheque.bayonne.fr

Les Bask'Elles forment une section au sein de l'association Les Bascos. En ce moment, elles lancent une démarche participative en ligne en invitant la population à remplir un formulaire et à soumettre des noms de femmes qui méritent d'être sorties de l'ombre. Les noms proposés seront ensuite soumis à l'avis d'un comité consultatif composé d’historiens et d’ethnologues : Terexa Lekumberri, Sabine Cazenave, Olivier Ribeton, Claude Labat et Jacques Ospital.