Association emblématique de Bayonne, Orai Bat est surtout connue pour ses danseurs et ses Joaldun (sonneurs de cloches), les premiers à voir le jour en Pays Basque nord en 1983. Elle est aussi le partenaire privilégié de la Ville dans l'organisation de Carnaval, dont le format est cette année réduit à un programme de petits spectacles dans les écoles. En temps normal, l'association tient un rôle plus important auprès de la Ville de Bayonne et de son Office de tourisme, qui organisent l'événement. L'occasion d'un coup de chapeau à ce partenaire de plus de vingt ans.
En 1999, au moment où la Ville commence à organiser Carnaval, elle s'appuyait déjà sur Orai Bat et en particulier sur Iñaki Serrada, sa cheville ouvrière, pour son carnet d'adresses. L'association s'occupe depuis lors d'inviter des groupes de danse traditionnelle du Pays Basque, nord et sud, et d'animer les mutxiko. Elle est aussi celle qui fabrique San Pantzar, personnage central de carnaval, un géant de paille qui finit brûlé après avoir été accusé de divers maux et jugé responsable de nombreux fléaux.
Plus de 50 ans à renforcer les traditions basques
Née en 1963, l’association Orai bat est d’abord un groupe folklorique. Ce sont les ballets basques de Bayonne où une poignée de bénévoles se donnent pour objectif de défendre la culture basque. Ils sont alors situés dans l’ancienne gare du BAB, un local prêté par la Ville. En 1970, les ballets déménagent à Saint-Esprit, quartier qu’ils ne quitteront plus. Disposant depuis 1964 de l’agrément Jeunesse et sport, l'association peut y accueillir d’autres groupes de danseurs et organiser des formations d’animateurs socio-culturels. Elle s'enrichit d'un joli répertoire de danses traditionnelles, mutxiko et autres fandango.
En 2009, elle s'installe rue Charles-Floquet dans un local de 360 m² construit par la Ville, où se retrouvent une centaine d’adhérents. En plus des danses basques, l’apprentissage d’instruments de musique traditionnelle – le txistu, la txirula, le pandero, la txalaparta, y est proposée. Une cavalcade avec des grosses têtes et des géants sur le thème de la mythologie basque y est également cultivée. Elle sort surtout à l’occasion de Carnaval et des Fêtes de Bayonne lors du Karrikaldi, dont Orai Bat est une des associations organisatrices.
Les Joaldun, hommes sauvages
Formés au sein de l'association et au contact de groupes du Pays basque sud, ils sont aujourd’hui dix-huit "Joaldun" à sortir en février pour Carnaval, en décembre lors de la tradition d’Olentzero, en mai pour Herri Urrats, la fête des ikastolas, ainsi que le dimanche des Fêtes de Bayonne. Dix-huit hommes, aucune femme, car à Bayonne, on estime que le personnage est de tradition masculine, et qu’il est bon de la respecter. Le "Joaldun" fait en effet partie des "Basajaun", les hommes sauvages, qui sortent pour Carnaval dès le mois de janvier afin de chasser les mauvais esprits et favoriser la fécondité… Celle des femmes, des bêtes, mais aussi des cultures. Le déguisement est d’ailleurs principalement conçu dans cette veine de virilité qui vient réveiller une nature en sommeil : un haut chapeau pointu en plumes de coq, jamais de poule, enrubanné de langes d'enfants ; une peau de brebis et un "isopua", bâton fabriqué à partir du crin de la queue d’un cheval, et non de jument. Le seul parement féminin venant s’ajouter à la panoplie est un jupon blanc. Et enfin, les sonnailles, d’un volume de dix litres chacune, fermement attachées perpendiculairement aux reins du "Joaldun" au moyen de bandages. "Ici, ce n’est pas tant le poids des sonnailles qui entraîne un effort, mais la répétition du mouvement qui vise à les faire sonner," explique Iñaki Serrada.
Glossaire
Txistu, txirula : flûte à bec traditionnelle basque
Pandero : tambourin
Txalaparta : percussion en bois proche du xylophone
Olentzero : personnage issu de la culture basque, charbonnier, qui descend de la montagne au moment du solstice d'hiver
Karrikaldi : danses et chants basques donnés dans la rue