Culture

Léon Bonnat, l'antithèse de l'artiste maudit

Du 8 juillet au 31 décembre 2022, le musée Basque exposera 84 tableaux et dessins de Léon Bonnat. L'occasion de revenir sur le parcours d'un peintre natif de Bayonne, apprécié de son vivant, dont le trait à l'esthétique académique était recherché par la bourgeoisie du XIXe siècle.

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Contrairement à certains artistes, incompris voire boudés de leurs contemporains, l'œuvre et la manière de Léon Bonnat ont très vite été appréciées. L'homme avait les deux pieds dans une époque qui consacrait la beauté académique et le talent de la rendre perceptible ; il a eu la chance et l'intelligence d'en profiter. Son soin du détail, sa science du cadrage, la subtilité des tons, les jeux de lumière qu'il utilisait ont rapidement été perçus par des connaisseurs et "influenceurs". Il avait une vingtaine d'années lorsque Jules Labat - maire de Bayonne de 1853 à 1870, lui offrit une bourse d'études pour s'inscrire à l'école des Beaux-Arts de Paris. Plus tard, en 1858, cet homme politique financera son séjour à Rome. Bonnat y restera trois ans. Il fut également soutenu par le peintre, dessinateur et collectionneur bayonnais Romain Julien.
Ses portraits sont d'une précision photographique. Ils sont prisés. Les célébrités ayant été immortalisées sous son pinceau sont nombreuses : Adolphe Thiers, Alexandre Dumas fils, Léon Gambetta (à titre posthume), la comédienne Alice Pasquier dite Madame Pasca, le cardinal Lavigerie, et Victor Hugo dont le portrait signé Bonnat fut choisi pour figurer sur le catafalque élevé lors de ses funérailles en 1883. On lui doit également un dessin de l'écrivain représenté sur son lit de mort et réalisé sur une commande de la famille.

Inspiré par Diego Vélasquez

Léon Bonnat vouait un culte au peintre espagnol Diego Vélazquez dont il a longuement observé les œuvres : enfant, après avoir quitté Bayonne pour aller vivre à Madrid avec ses parents, il fréquentait le musée du Prado, où son père l'emmenait régulièrement. Tout comme le maître sévillan du XVIIe siècle, Bonnat s'appuyait sur ses connaissances du clair-obscur, ainsi que sur une forte capacité à saisir et révéler la psychologie humaine. À 35 ans, il eut l'opportunité de compléter sa formation lors d'un voyage au Moyen-Orient en s'initiant à une nouvelle forme d'esthétique. Avec un groupe d'artistes dont le peintre et sculpteur Jean-Léon Gérôme, il embarqua pour le nord de l'Égypte et se déplaça dans le Sinaï, à bord d'une caravane, lui laissant tout le temps d'apprécier les populations et paysages. Ce fut pour lui l'occasion de visiter le monastère Sainte-Catherine, avant d'atteindre la Palestine, pour découvrir les sites bibliques de Jéricho et Jérusalem. Il termina en Syrie, puis rejoignit l'Europe par Beyrouth, Istanbul puis Athènes. Durant ce voyage, il réalisa plus de de 70 paysages, genre assez méconnu de l'héritage laissé par l'artiste. De retour en France, il exposa pendant plusieurs années des sujets inspirés par son voyage, en faisant ressortir cette dignité particulière aux populations orientales. Une salle de l'exposition sera d'ailleurs consacrée à cette production orientaliste du peintre.

Sur les 84 œuvres qui seront exposées au musée Basque du 8 juillet au 31 décembre 2022, une quarantaine provient du musée Bonnat-Helleu, 25 des grandes collections des musées nationaux, les autres venant de collections publiques, comme celles des musées des Beaux-Arts de Lille, de Dijon, de Pau, d'Amiens, de Beauvais et de Rodez, ainsi que de collections privées.

Musée Basque et de l'histoire de Bayonne, 37 quai des Corsaires, ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h ; le jeudi de 13h à 20h ; fermé les 14 juillet et 15 août.
Plus d'infos > musee-basque.com