Benoît Delépine accueilli à L'Atalante en avril 2022, pour la sortie de "En même temps" © Mathieu Prat 

Culture

L'Atalante, un cinéma d'exception

Alors que la rentrée cinématographique s'est faite avec une baisse de fréquentation des salles de 30 à 40 % à l'échelle nationale, le cinéma L'Atalante maintient son niveau de 2019, année de référence d'avant pandémie.

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Explications avec Sylvie Larroque, directrice de la programmation, et Jean-Pierre Saint-Picq, président de l'association Cinéma et cultures.

Pourquoi L'Atalante fait-elle exception à cette baisse de fréquentation ?

Sylvie Larroque : la fidélité du public est presque légendaire à L'Atalante. Pendant la difficile période de pandémie, les adhérents ont par exemple continué à nous soutenir. Les cinémas indépendants ont en outre moins souffert de cette baisse de fréquentation, qui s'explique en partie par les changements d'habitude, dont celles de s'abonner à des plateformes en ligne. Or, notre public adhère à nos tentatives de valoriser l'expérience de la salle. Les rencontres et débats avec les cinéastes, que nous organisons selon un rythme soutenu, sont en particulier très appréciés.

Jean-Pierre Saint-Picq : nous attendons une fréquentation de 120 000 entrées pour 2022, alors que nous étions à 130 000 avant la pandémie et que ce chiffre constitue notre point d'équilibre. Le nombre de nos adhérents est proche de 2 300, indicateur d’une forte adhésion à notre projet qui nous procure une certaine indépendance financière. Le deuxième aspect concerne l'emplacement du cinéma, qui est modulable. Il nous permet d'organiser des soirées en terrasse, en particulier l’été, ce qui nous permet de continuer à exister en cette période. Ce site architectural n’est comparable à aucun autre. Et le troisième point, c’est la dynamique de l’équipe, qui en fait un lieu de débats et d’échanges. L’engagement hors norme des salariés est un engagement militant. Et tout cela mis bout à bout nous amène à un résultat économique plutôt positif.

En termes de programmation, comment répondez-vous aux attentes du public ?

Sylvie Larroque : nous avons des choix à faire eu égard aux nombreuses sorties hebdomadaires. Notre sélection comporte une dimension subjective, bien-sûr, et assumée. En même temps, nous évitons de programmer des films qui bénéficient d'emblée d'une forte diffusion, quitte parfois à se priver d'une partie du public. L'important est que les films soient programmés quelque part.

Réussissez-vous à attirer les publics plus enclins à se tourner vers les multiplexes ?

Sylvie Larroque : nous sommes notamment entrés dans une démarche d'attractivité du public adolescent et des jeunes adultes, et nous observons un rajeunissement de l'âge moyen de nos spectateurs depuis plusieurs années. Une personne de l'équipe, Chloé, s'occupe notamment des publications sur les réseaux sociaux, ce qui nous donne davantage de lisibilité auprès de cette génération. Depuis la mi-octobre, nous avons en outre intégré une jeune fille en service civique, Clara, qui a notamment pour mission d'œuvrer de créer un ciné-club 15-25 ans, comportant une quinzaine de jeunes cinéphiles que nous impliquerons dans l'organisation de soirées, d'avant-premières, etc.

Quelles sont les perspectives pour l'an prochain ?

Jean-Pierre Saint-Picq : notre équilibre financier reste fragile. SaAns nous reposr sur nos acquis, nous cherchons à améliorer encore l'accueil du public, car le site n’a pas encore révélé son plein potentiel. Nous pouvons encore développer des liens avec des associations, des établissements scolaires... Nous venons par exemple d'acheter le local Tauzin, qui est attenant à L'Atalante, où nous pourrons recevoir des groupes, et qui servira aussi à entreposer du matériel. Ce local de 90 m² va contribuer à l'évolution de L'Atalante, tout en faisant en sorte que les spectateurs continuent à s'y sentir comme à la maison.

Plus d'infos et programme > atalante-cinema.org