Entrée de la rue Bourgneuf, côté place du Réduit © Ville de Bayonne 

Commerce

La rue Bourgneuf, commerçante par excellence

Depuis 2017, date de sa transformation en voie semi-piétonne, la rue Bourgneuf a retrouvé sa vocation commerçante. Agréable et conviviale, on y apprécie particulièrement les commerces spécialisés.

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Dans les années 60 et 70, la rue Bourgneuf était garnie de commerces de proximité : du bureau de tabac à la papeterie en passant par la vente d'articles de pêche, de peintures et papier peint, un bouquiniste, des bijoutiers, imprimeurs, encadreurs et autres cordonniers... Traversant le Petit-Bayonne de la place Paul-Bert à celle du Réduit, elle a toujours été passante et plébiscitée jusqu'à ce qu'un flux trop important de voitures n'en perturbe l'attractivité. Or, depuis qu'elle a été requalifiée, rénovée et pavée en grès de la Rhune, de couleur claire qui capte et renvoie la lumière, les piétons en redécouvrent le charme.

Moins touristique que ses consœurs du Grand-Bayonne, elle attire de nouveaux commerces, qui ont eux aussi tendance à s'inscrire dans le créneau de la spécialisation, un type de commerces dont on ne pousse pas la porte par hasard. Côté place du Réduit, on y trouve la brasserie Bouillon Armand, qui propose une cuisine typiquement française, et qui dispose d'une petite terrasse appréciée des convives. Un bureau de tabac lui fait face, qui comme la bouquinerie un peu plus loin, a surmonté des décennies d'histoire, y compris celles où la rue était plus délaissée.
Plus loin, un collectif de huit artisans s'est installé sous le nom de La Transversale : ils apprécient l'espace, la clarté, la possibilité d'y tenir un atelier de couture ou de fabrication de bougies... et surtout le fait d'être ensemble dans une démarche à la fois créative et collaborative. Ici, Françoise révèle ses dernières créations et vêtements pour enfants - sous la marque Fanchon de Bayonne ; Marine ses bijoux fabriqués dans un atelier de la même rue (Huna Bijoux) ; Pierre, styliste, présente des vêtements éco-conçus (Justesse) ; Sarah, ses cosmétiques naturelles ; Dam é drôles leurs dernières espadrilles...

Des niches commerciales inattendues

"La rue Bourgneuf est une rue où l'on prend le temps, le temps de concevoir, rencontrer le public sans être en permanence sollicités", confie Françoise. "Moi qui ai longtemps vécu dans le 93, j'apprécie de me retrouver dans un milieu artisanal, où la fabrication à la pièce a encore un sens. Ce n'est pas tous les jours facile d'être artisan, mais j'observe un soutien, une dynamique commune tout à fait bénéfique." Même son de cloche un peu plus loin où Freddy et Julien viennent d'ouvrir leur atelier de lunetiers ! Un métier d'art  à redécouvrir. Ambiance sobre, teintée d'un bleu nuit...  Les deux associés reçoivent, conçoivent, modélisent, fabriquent et adaptent les montures à chaque visage. En acétate, bio-acétate ou corne de buffle, chacune est unique, ce qui en fait une expérience d'achat hors du commun. "Nous travaillions jusque-là dans le quartier Marracq, où nous avions notre atelier, et forts de cette première expérience, nous voulions accroître notre visibilité en accédant au centre-ville, explique Freddy. Pour autant, le Grand-Bayonne, trop fréquenté, parfois trop touristique même, ne nous intéressait pas. Nous cherchions un lieu moins en vue, plus intimiste. Car, on pousse rarement la porte d'un atelier de lunetier par simple curiosité. Notre clientèle est assez ciblée. Et du fait que nous pratiquons une activité traditionnelle, il était cohérent qu'elle s'inscrive dans un cadre patrimonial, proche des musées."

L'esprit bienveillant du petit commerce

En longeant la rue, on découvre aussi Faktoria, où s'activent des céramistes, expérimentés ou parfaitement novices. Puis Cadence, boutique atypique, toute en longueur, antre des danseuses. Spécialisée, elle aussi, car on y trouve surtout des justaucorps, tutus et pointes. Quantité de pointes même, plus ou moins dures, et toujours joliment enrubannées. "Il est absolument important d'être bien conseillé lorsque l'on veut chausser des pointes, précise Alix, ancienne danseuse reconvertie. Car, elles peuvent blesser et déformer les orteils. Or, certaines jeunes filles ne sont pas prêtes pour cela. Le plus souvent, personne ne le leur dit vraiment, elles suivent le mouvement de la classe et de son niveau. Mais je suis toujours sincère et je préfère ne pas vendre, plutôt que de vendre précocement à une jeune fille qui n'est pas prête." Au fond de sa boutique, là où elle est le plus large, Alix a même reproduit un mini studio en installant une barre et un miroir pour que ses clientes fassent des essais. 

En ressortant par la droite, on se dirige vers la rue Jacques-Laffitte, et plus loin encore la place Paul-Bert, sur une portion de rue non rénovée mais où est niché l'atelier Mailua & Orratza, tenu par une joaillière, spécialisée dans les créations en argent, et une couturière en maroquinerie, qui utilise de nombreux coupons.
Au croisement de la rue Jacques-Laffitte, la bijouterie Lorea a installé son atelier et point de vente, après celui de Saint-Jean-Pied-de-Port, en connaissance de cause également. Catherine, la créatrice revendique ce choix du Petit-Bayonne par affection pour un quartier à dimension humaine. "J'apprécie d'y croiser tous types de personnes, je trouve le quartier vivant et sympathique. Qui plus est, nous donnons sur une petite place, bénéficions de la lumière naturelle et d'une bonne visibilité. À mi-chemin du musée Basque et du musée des Beaux-Arts, l'endroit était tout indiqué."