"L'usage du vélo pour les déplacements urbains n'est pas encore une culture, commente Mathilde, bénévole au sein de l'association. Nous ne sommes clairement pas à Amsterdam où depuis quarante ans d'efforts pour promouvoir l'usage des deux roues, les embouteillages sont maintenant causés par les vélos." En témoigne le défilé ininterrompu de voitures sur les allées Marines, devant l'atelier de Txirrind'Ola. Tel un pied de nez aux mauvaises habitudes, l'immense atelier de 500 m² suscite néanmoins l'engouement croissant des cyclistes de tous bords, avec 1 600 adhérents à jour de leur cotisation.
Sous l'impulsion d'une poignée de bénévoles
Né de l'impulsion de quelques cyclistes invétérés dans le quartier Saint-Esprit de Bayonne, l'atelier de réparation et d'échanges de vélos d'enfants a rapidement connu un vif succès. Aujourd'hui soutenu par la Communauté Pays Basque qui lui met à disposition un grand local, il est également partenaire de la Ville de Bayonne sur la question des créations de pistes et voies cyclables. Car l'envie de se déplacer autrement se fait largement sentir. Il a notamment été observé depuis le début de la pandémie par les services de la mairie qui ont mis en place des bornes de comptages sur les pistes cyclables. Tendance confirmée par les chiffres de fréquentation observés par Txirrind'Ola : les apéro-démontages organisés tous les derniers jeudis du mois accueillent un public toujours plus nombreux et motivé. Entre 30 et 40 personnes se retrouvent autour du démontage de 70 à 80 vélos avant de partager un temps de convivialité. Les chiffres de dons de vélos sont eux aussi éloquents : 1 900 de janvier à août 2021 contre 1 400 en 2020.
3 ou 4 vélos revendus chaque jour
Ces vélos sont ensuite triés entre ceux qui peuvent être réparés et ceux dont les seules pièces valides seront récupérées. À l'œuvre, quatre mécaniciens employés à l'année et un saisonnier montent chaque jour trois à quatre vélos, revendus entre 30 et 80€ dans la foulée. Les affaires vont bon train, aucune publicité n'est nécessaire à la bonne marche de la petite entreprise "qui n'est pas là pour faire du bénéfice, poursuit Mathilde, mais pour assurer ses frais de fonctionnement." Les matins sont donc consacrés au montage de nouveaux vélos, tandis que les après-midis sont ouverts aux adhérents venus réparer leur bicyclette. Certains sont autonomes, d'autres ont besoin d'aide, auquel cas ils trouveront toujours quelqu'un pour les conseiller. À l'image de Christine, voyageuse à vélo, venue faire réviser son moyen de locomotion : "Christian vient de me signaler que j'aurai bientôt besoin de changer les patins de mes freins. Je sais faire ce genre de manipulation, mais pour les réglages, j'ai besoin d'un coup de main !"
Le recyclage, une priorité
70% des vélos récupérés proviennent de particuliers, les 30% restant de déchetteries grâce à une convention conclue entre la Communauté Pays Basque, le syndicat Bil Ta Garbi et l'association. Comme à ses débuts, Txirrind'Ola propose également les échanges de vélos de 12 à 24 pouces, pour les enfants donc, ce qui évite aux familles de réguliers et coûteux achats. Enfin, les pièces inutilisées parce que défectueuses sont scrupuleusement détachées pour être apportées en déchetterie, le plus souvent par des bénévoles, afin d'être recyclées : du pignon au plateau, en passant par les cadres mis à nu et les jantes débarrassées de leurs rayons, conçus dans un autre matériau, rien est laissé au hasard. L'an dernier, Mathilde, qui effectuait alors un service civique au sein de l'association, avait même trouvé une manière de recycler les chambres à air : un professeur de physique exerçant dans un collège les fixait aux pieds des tables des élèves. En jouant avec et en leur donnant des coups de pieds, les élèves obtenaient un effet déstressant.
Plus d'infos sur la journée du 18 septembre (10 ans de Txirrind'Ola) > txirrindola.org