Céramiste prodige

Mais c'est dans la publicité qu'il se lance d'abord, fasciné par le graphisme et les messages publicitaires associés. Il exerce douze ans dans le métier, dont les dernières années en tant que stratège et manager. Puis, un besoin de changement s'est fait sentir, assez pressant d'ailleurs. "Je cherchais une porte de sortie, j'avais l'impression d'avoir fait le tour."

Et pourtant il y reviendra... au tour, mais à celui du potier cette fois. "Contre toute attente, pourquit-il. Un coup de cœur pour un céramiste de talent, Florian Gadsby, fut aussi une claque. En voyant son travail, j'ai ressenti de la frustration, au point de me dire : mais c'est moi, ça. C'est moi qui aurais dû créer cela !"

Afin de valider son engouement et un furieux besion de se connecter à la matière, il s'inscrit sur un stage intensif de poterie de quatre jours. Le ressenti était juste. La porte de sortie tracée. En 2021, il démarre une formation intensive aboutissant à un CAP en un an. Le succès est immédiat. "J’ai commencé à documenter mon travail dès le début de ma formation, explique-t-il." Comprenez : il publiait des photos et vidéos sur les réseaux sociaux. Ce fut l'emballement. Là où beaucoup d’artisans céramistes donnent aussi des cours, pour gagner leur vie, Jacques Monneraud, lui, n’en a pas besoin. Il ne prend pas de commande, non plus. Les achats se font sur liste d'attente, et peu importe l'objet, pourvu qu'il soit signé...

D'artisan à artiste

Jacques Monneraud a sa pâte. C'est indéniable. Avec un goût pour l'utilitaire, il fabrique des boîtes à allumettes au décor évolutif, et surtour une collection hors norme, Cardboard, des objets en trompe l'œil - on dirait du carton. Déclinées en pichets, pots, coupes et vases, ses créations sont le reflet d'un savoir-faire unique, qu'il a développé à force de tests, dessins et recherches. Il invente même ses propres outils, lorsqu’il intervient sur des pots de céramique pour y dessiner des frises par exemple. Il les manie avec un geste précis, maîtrisé, à la façon d’un horloger. Sur une vidéo, on le voit reproduire à l’identique, une bouteille en plastique ;  son tour de main fascine.

Le jeune homme a ouvert un premier atelier à Anglet, puis à Bayonne, sa destination de prédilection… "J’ai vécu à Paris, mais je suis natif de Pau, je connais le Pays basque depuis tout petit et je voulais m’installer à Bayonne, poursuit-il." C'est à proximité de la Médiathèque qu'il a trouvé le local à sa convenance. C'est là qu'il travaille, et sur Internet, dans des salons et une galerie parisienne qu'il vend. De fait, plus vite qu'il ne l'eut crû, l’artisan est devenu artiste. Le marché de l'art contemporain s'ouvre maintenant à lui ; tout un univers.

Plus d'infos > vers la page Instagram de l'artiste